les rencontres
L’Institut se propose d’organiser, seul ou en partenariat, des rencontres ouvertes au public et construites autour d’un sujet de société, un enjeu intellectuel, une problématique historique, une réalité politique.
L’esprit dans lequel est conçu l’échange est celui de l’élaboration en commun, de la réciprocité critique, de la transversalité des savoirs. Différentes approches nourries d’expertises savantes sont confrontées sur un même thème, l’échange est toujours libre mais respectueux du savoir et de la personne d’autrui. Et si l’objectif est atteint, chacun des orateurs sort enrichi de la séance et le public éclairé dans ses options.
A rebours de la logique du clivage pour/contre et de la mise en scène spectaculaire où s’abreuve le sentiment d’impuissance sociale, il s’agit ici de contribuer à aiguiser l’esprit critique pour transformer le monde.
la rencontre du
15 novembre 2024
Dans le cadre des
Rencontres de l’Institut Histoire et Lumières de la pensée
présidé par Olivier Bétourné
en partenariat avec la
Société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse
présidée par Elisabeth Roudinesco
Fethi Benslama
Psychanalyste, professeur honoraire de psychopathologie
Ariane Chemin
Essayiste, grand reporter au journal Le Monde
Daniel Zagury
Psychiatre des hôpitaux, expert près la cour d’Appel de Paris
ont éclairé l’avenir des sociétés modernes à la lumière d’une question d’actualité forte :
L'emprise et le consentement
débat présenté et animé par
Elisabeth Roudinesco
à la Maison de l’Amérique latine
217 boulevard Saint-Germain
75007 Paris
15 novembre 2024, à partir de 19h
Pour tous contacts avec l’Institut Histoire et Lumières de la pensée : www.ihldp.com
C’est à Michelle Perrot que l’institut Histoire et Lumières de la pensée doit l’idée d’organiser une rencontre consacrée au consentement, terme utilisé à la fois par le mouvement Metoo (pour désigner une relation de domination qui ne dit pas son nom) et par le droit ( pour signifier au contraire l’acquiescement donné à un projet –le fameux « consentement éclairé »). Dans le premier cas on parlera d’emprise, et dans le second de libre choix. En apparence, ces deux termes s’opposent. Et pourtant, ce n’est pas si simple.
On a beaucoup dit, à juste titre, que l’emprise était d’abord exercée par des hommes sur des femmes. Mais, à y regarder de près, on s’aperçoit qu’en elle s’abolit la différence des sexes puisque chaque partenaire, homme ou femme, est disposé à s’adapter aux attentes de son partenaire pour conserver la posture qui annihile son propre jugement. Et si les circonstances s’y prêtent, la victime peut tout aussi bien se convertir en bourreau et réciproquement. D’où la porosité entre l’emprise et le consentement, à travers laquelle se dit la pulsion de mort à l’état brut.
L’emprise peut, par ailleurs, être individuelle quand une personne se soumet corps et âme au pouvoir d’un gourou destructeur. Mais elle peut aussi être collective, quand un groupe se transforme en secte ou quand une foule s’identifie à un dictateur ou à un dieu mortifère.
C’est pour débattre de cette question aux attendus théoriques et politiques complexes que seront réunis nos trois intervenants. Fethi Benslama a étudié et traité des cas de femmes engagées dans le Jihad islamique, autrement dit dans la destruction de leur propre féminité. Arianne Chemin a raconté, dans une enquête poignante publiée en 2023, l’histoire d’une famille qui s’était transformée en secte suite à un événement refoulé conduisant chacun de ses membres à une défenestration collective et consentie. Quant à Daniel Zagury, il a introduit en 2019 la notion d’emprise dans le droit pénal après avoir expertisé des victimes de prédateurs : comment comprendre que des plaignantes aient pu envoyer des dizaines de messages à caractère érotique à l’homme qui les avait violées?
Débat présenté et animé par Elisabeth Roudinesco.